Frédéric Rouge

(1867 - 1950)

et Urbain Olivier

F11 = plein écran
 
Accueil
Biographie
Anecdotes
Peintures
Dessins
Affiches
Cartes
Diplômes
Etiquettes
Etudes
Vitraux
Catalogue
Boutique
Contact
Revue historique du Mandement de Bex N° 32 (1999) Revue historique du Mandement de Bex N° 32 supplément (1999) Passé Simple déc. 2017 - Article de Ph. Kaenel (150 ans F. Rouge) Revue historique vaudoise 2018: Lavaux, F. Rouge face à R. Auberjonois (par Ph. Kaenel)

 

Maintenant qui était Juste Olivier ? ("Construire" No 10 du 8 mars 1978)

Juste Olivier tenait de son père un sentiment austère du devoir et de sa mère une sensibilité facilement attristée et le tour particulier de son imagination. Il suivit les cours du collège de Nyon et son amour des livres le poussa très tôt vers une carrière intellectuelle. De fait, il entreprit des études théologiques à Lausanne pour lesquelles ses parents s'imposèrent de très grands sacrifices. Toutefois, encore adolescent, il parvint à suffire lui-même à ses dépenses, en donnant des leçons.
Il devint le chantre attitré de la Société de Zofingue et se mit à collectionner les prix poétiques dans les concours académiques. C'est en ce temps-là que s'éveilla chez lui le sentiment d'une vocation de poète.
Après avoir poursuivi avec sérieux ses études théologiques, il renonça finalement à la carrière de l'Eglise. A vingt-deux ans, il fut élu, après concours, professeur de littérature et d'histoire au gymnase de Neuchâtel, mais à une condition: faire d'abord un séjour de six mois à Paris, ses honoraires lui étant payés durant ce stage.
Ce séjour parisien marqua sa vie. Il suivit les cours de la Sorbonne et du Collège de France. Il vit de près les représentants du romantisme, alors à son apogée. Il se lia étroitement avec Sainte-Beuve, qui séjournera d'ailleurs chez lui à Eysins. Après trois mois, il revint en Suisse, plus attaché que jamais à son pays.

Une chaire à Lausanne
Il enseigna durant presque trois ans à Neuchâtel, obtenant un reél succès. Il s'y maria avec une demoiselle d'Aigle, Caroline Ruchet, elle-même poète et écrivain au délicat talent.
Il revint alors à Lausanne, où lui fut confiée une chaire d'histoire, qui n'existait encore qu'à titre provisoire (la jeunesse lausannoise l'adopte immédiatement comme un de ses enseignants de choix). Il anima conjointement un organe littéraire, la Revue Suisse, dont il fut un temps le propriétaire et le rédacteur et à laquelle collabora Sainte-Beuve par sa "Chronique parisienne".
Juste Olivier eut là une periode de production féconde et de travail joyeux. Mais, en 1845, la révolution vaudoise vint brutalement changer son existence. Après avoir hésité entre divers projets, il résolut de se fixer à Paris avec l'espoir de se livrer à une activité littéraire fructueuse. Malheureusement, la révolution de 1848 remit à nouveau tout en question pour lui. Devant tant de difficultés, il songea à émigrer aux Etats-Unis, où l'appelait Agassiz.
Vinrent des moments meilleurs. Il fut notamment maitre de conférence dans une école d'administration qui devait être rattachée au Collège de France. Il retourna définitivement à l'enseignement et eut une période d'intense réflexion qui se traduisit par une production littéraire célébrant la famille, la nature, Dieu et la patrie et disséquant la lutte implacable de la conscience avec l'egoïsme.

Conférencier et père de la poésie nationale
Eclata la guerre de 1870. Juste Olivier séjournait alors en Suisse avec sa famille. Ne pouvant rentrer à Paris, il y liquida ses affaires et se retira à Gryon-sur-Bex. Soucieux de son indépendance, il se fit conférencier dans les villes de Suisse romande. Ses exposés étaient moins des cours que des causeries très travaillées sur des sujets qui l'avaient toujours préoccupé. Certaines de ses conférences furent faites entièrement en vers...
Les derniers moments de sa vie furent pénibles. A la maladie s'ajouta peu a peu une tristesse profonde et comme un doute de la poésie qu'il avait tant aimée. II s'éteignit à Genève le 7 janvier 1876 à l'âge de 69 ans et fut inhumé à Nyon.
Rien ne le qualifie mieux que ces paroles de Ch. Berthoud (un de ses condisciples): "(...) C'est comme poète qu'il survivra dans la mémoire de ses compatriotes (...) Il a montré qu'une poésie nationale n'était pas une ambition trop haute pour une petite patrie; poète lyrique, il a donné une voix au patriotisme et aux souvenirs de notre histoire (...)".
D.S.
 
Page précédente Première Page